mercredi 18 mai 2011

La communication placebo


L'anonymat, la solitude des individus agrégés dans nos sociétés de masse suscitent un grand désarroi. La disparition de la solidarité organique des sociétés anciennes au profit d'une atomisation individualiste crée des phénomènes de bandes, les médias sociaux, des mouvements grégaires comme des volées d'oiseaux ou des bancs de poissons, qui offrent une compensation minimale. Nous en sommes venus à valoriser la communication pour la communication, le lien basique, sans contenu. Une sorte de simulacre de communication, de degré zéro du lien social qui donne l'illusion d'un échange. J'appelle cela la communication placebo. On pourrait aussi parler à ce sujet de communication liquide, sans matière. Et elle se répand en effet comme l'eau dans toutes les fractures de nos sociétés. Une communication hydroponique, sans goût, sans saveur, qui finit par diluer les plantes qu'elle prétend nourrir.
Les liens numériques sont là, puissants et prometteurs. Mais nous ne dépassons pas le degré zéro de l'hyperhumanisme, qui suppose des liens constructifs de solidarités. Mettre du contenu dans ces liens, de la créativité et de la responsabilité, de la densité, c'est ce que beaucoup d'entre nous tentons de faire. Mais l'inondation noie encore trop souvent ces efforts dans "l'eau sociale".
hf

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