vendredi 5 juillet 2013

Les divergences du futur




Nous le savons aujourd’hui : nous, les hommes, ne sommes pas descendus du ciel, mais des arbres. Au cours d’une lente évolution, devenus animaux parmi ceux qui se redressent, par un extraordinaire accomplissement, nous avons réussi à prendre position en tête de la nature. Et un jour, un lointain jour du futur, nous deviendrons des dieux. D’abord des dieux semblables à ceux qu’avaient inventés les Grecs anciens, encore régis par Prométhée, Éros et Thanatos. Puis des  dieux accomplis, qui honorerons l’éthique. C’est alors, alors seulement, que nous serons de vrais dieux. Pas des dieux éternels, car  nous ne compterons plus les millénaires, mais des dieux qui se reproduiront et se répandront dans l’univers sans le détruire, l’honorant comme nous-mêmes. Nous aurons apaisé nos désirs, empli nos manques d’hommes. Nous serons l’univers. Mais nous aurons encore la tâche incessante, par une ultime divergence à peine imaginable, d’y ajouter la justice préventive et compensatoire qui fait si cruellement défaut à la violence de sa nature. Nous ne pourrons plus dire comme Spinoza : c’est ainsi. Il faudra aller encore plus loin dans l’éthique. Et lorsque nous y parviendrons, nous aurons achevé le long cheminement de toutes les divergences du futur, jusqu’à l’origine des temps.  

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