dimanche 26 janvier 2014

La divergence éhique



Pour prendre vraiment conscience de la puissance radicale des divergences que nous créerons, nous devrions sans doute même parler des mutations du futur, dont nous n’avons pas encore la moindre idée. Pas encore pensables ? Mais possibles. Une immense divergence s’esquisse déjà sous nos yeux depuis deux mille ans au moins, dont nous n’avons pas encore saisi la nouveauté et encore moins l’importance. Je veux parler de la divergence éthique. La nature darwinienne est étrangère à toute exigence éthique. Elle est régie par la loi du plus fort, du mieux adapté. Pas de compassion pour les faibles, pas de sentiment de justice, pas de retenue face à la violence. C’est l’espèce humaine qui a inventé cette conscience éthique contre nature. Nous devons à cet égard beaucoup au christianisme. C’est assurément la religion qui a le plus contribué à la formulation de cette éthique au nom de l’amour du prochain et de la charité. Mais aujourd’hui dans une société athée, nous ne pratiquons plus cette éthique pour assurer notre salut personnel. Nous sommes à la deuxième étape du développement de cette conscience éthique : elle n’est plus seulement individuelle, elle est devenue sociale, collective, planétaire même. Elle repose sur le respect des droits humains élémentaires de tous également, quelles que soient les diversités des cultures. Elle nous incite à militer contre toutes les violences, les exploitations humaines, à secourir les victimes, à devenir pacifistes. Nous n’en sommes encore qu’aux premiers pas, mais nous sommes de plus en plus nombreux à en ressentir l’exigence.  Ne dit-on pas que certains ont la bosse des mathématiques, évoquant ainsi par métaphore une augmentation de leur volume cérébral traitant de pensée mathématiques? Il nous reste à espérer que ce qui vaut pour les mathématiques vaille aussi pour l’éthique. Une éthique planétaire : la plus immense, la plus nécessaire, mais aussi la plus difficile de toutes les divergences du futur pensables aujourd’hui.

La divergence n’est pas nécessairement un bien en soi. Nous en avons connu de bonnes et des mauvaises. Et ces jugements sont toujours relatifs. Ainsi, l’impressionnisme n’est pas un progrès par rapport au classicisme, mais un changement. Le passage de l’âge du feu à l’âge du numérique demeure ambivalent, en ce sens que le progrès qu’il nous fait espérer dépendra en réalité de l’usage humain que nous ferons de sa puissance. Seule la divergence éthique est un progrès incontestable, que personne ne peut raisonnablement nier. Les modalités d’application de l’éthique peuvent varier selon les diversités historiques et culturelles, mais le principe de l’éthique planétaire est un absolu, le seul absolu auquel les hommes peuvent prétendre. Le gouvernail et la quille de l’esquif « humanité ».

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