Fascinés par le virtuel, par son
pouvoir instrumental, nous tendons à dévaloriser le réel, que nous jugerions
bientôt obsolète. Nous développons de la pensée magique, nous sommes assoiffés
de gadgets, de sorcellerie numérique et d’évasion. Nous sommes hypnotisés par
le virtuel aujourd’hui, comme jadis par le ciel divin. Nous en célébrons la
magie. Nous en attendons tout. Répéterons-nous toujours, de siècle en siècle,
cette même erreur de chercher dans un ailleurs ce dont nous croyons manquer
dans le réel, ou pour échapper à ce qui nous y frustre - le travail, la souffrance,
la mort, l'impuissance -, sans en estimer justement les vertus et les plaisirs.
Nous nous aliénons ainsi et perdons notre capacité à jouir de la réalité dont
nous avons le privilège exorbitant ici-bas. Nous tombons de croyance en
croyance dans le miroir aux alouettes, nous lâchons la proie pour l'ombre. Même
si nous ne savons pas ce qu’est le réel, du moins savons-nous que le réel demeure
nécessairement le roc de toute fondation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire