jeudi 30 janvier 2014

mana numérique



Le numérique puise dans les arcanes de l’imaginaire .Le virtuel bleuté nous ouvre un espace d’apparitions, d’images esthétiques et de symboles qui font de nous des rêveurs éveillés devant nos écrans. Le virtuel est un monde émotionnel, un monde intérieur ou onirique. Nous y pénétrons en perte du principe de réalité, ou en réalité augmentée par nos sentiments et nos désirs. Même les sites de transactions bancaires et autres utilités ont leur magie. Et les réseaux numériques où nous côtoyons les attitudes subjectives des autres usagers, démultiplient nos propres émotions. Comment s’étonner alors que Ray Kurzweil, comme plusieurs autres gourous, prenne ces excitations pour la réalité, les hypostasiant pour les prêter aux technologies elles-mêmes, qui deviennent alors anthropomorphiques, intelligentes, puis spirituelles, et bientôt sentimentales, selon les titres mêmes de ses livres à grand succès ? Comment être surpris que les Japonais aiment tant leurs petits chiens robots, TamagochisFurbies et autres peluches numériques ! Voilà d’ailleurs déjà longtemps que les médias de masse nous ont habitués à identifier des objets technologiques à des émotions. Il suffit de penser à la publicité qui évoque la puissance virile en accotant des voitures et des femmes. C’est de ces comportements bien connus, mais qui sont démultipliées par la magie des technologies numériques, des sites de rencontres, des multiples navigations de l’internet, que vivent beaucoup d’industries actuelles. Le numérique catalyse nos émois. On peut parler des stimuli numériques comme des émotions cinématographiques, mais décuplés par l’interactivité, qui crée une implication personnelle dans ces univers de désirs et d’actions. Nous nous y projetons nos imaginaires les plus intimes et les plus vulnérables. Le numérique fait vibrer la psyché et nous aspire dans une pensée magique euphorisante.

dimanche 26 janvier 2014

La divergence éhique



Pour prendre vraiment conscience de la puissance radicale des divergences que nous créerons, nous devrions sans doute même parler des mutations du futur, dont nous n’avons pas encore la moindre idée. Pas encore pensables ? Mais possibles. Une immense divergence s’esquisse déjà sous nos yeux depuis deux mille ans au moins, dont nous n’avons pas encore saisi la nouveauté et encore moins l’importance. Je veux parler de la divergence éthique. La nature darwinienne est étrangère à toute exigence éthique. Elle est régie par la loi du plus fort, du mieux adapté. Pas de compassion pour les faibles, pas de sentiment de justice, pas de retenue face à la violence. C’est l’espèce humaine qui a inventé cette conscience éthique contre nature. Nous devons à cet égard beaucoup au christianisme. C’est assurément la religion qui a le plus contribué à la formulation de cette éthique au nom de l’amour du prochain et de la charité. Mais aujourd’hui dans une société athée, nous ne pratiquons plus cette éthique pour assurer notre salut personnel. Nous sommes à la deuxième étape du développement de cette conscience éthique : elle n’est plus seulement individuelle, elle est devenue sociale, collective, planétaire même. Elle repose sur le respect des droits humains élémentaires de tous également, quelles que soient les diversités des cultures. Elle nous incite à militer contre toutes les violences, les exploitations humaines, à secourir les victimes, à devenir pacifistes. Nous n’en sommes encore qu’aux premiers pas, mais nous sommes de plus en plus nombreux à en ressentir l’exigence.  Ne dit-on pas que certains ont la bosse des mathématiques, évoquant ainsi par métaphore une augmentation de leur volume cérébral traitant de pensée mathématiques? Il nous reste à espérer que ce qui vaut pour les mathématiques vaille aussi pour l’éthique. Une éthique planétaire : la plus immense, la plus nécessaire, mais aussi la plus difficile de toutes les divergences du futur pensables aujourd’hui.

La divergence n’est pas nécessairement un bien en soi. Nous en avons connu de bonnes et des mauvaises. Et ces jugements sont toujours relatifs. Ainsi, l’impressionnisme n’est pas un progrès par rapport au classicisme, mais un changement. Le passage de l’âge du feu à l’âge du numérique demeure ambivalent, en ce sens que le progrès qu’il nous fait espérer dépendra en réalité de l’usage humain que nous ferons de sa puissance. Seule la divergence éthique est un progrès incontestable, que personne ne peut raisonnablement nier. Les modalités d’application de l’éthique peuvent varier selon les diversités historiques et culturelles, mais le principe de l’éthique planétaire est un absolu, le seul absolu auquel les hommes peuvent prétendre. Le gouvernail et la quille de l’esquif « humanité ».

samedi 25 janvier 2014

La mondialisation: perfidie d'une fausse divergence



Tweet art - l'économie mondiale

La mondialisation est une réalité qui s'impose à nous. Il est évident que l’écologie traverse les frontières, que nous développons une conscience planétaire et que nos économies locales, nos systèmes bancaires sont de plus en plus soumis aux équilibres et déséquilibres d’un écosystème mondial. Cela s’accentuera certainement de plus en plus. Voulez-vous du Coca Cola ? Non merci. Je préfère le Pepsi-Cola. Voulez-vous un blue gin fabriqué au Texas, au Bangladesh ou en Thaïlande ? Préférez-vous voir le dernier film avec Batman ou celui de Disney ? Ce n’est pas de cette mondialisation là qu’il y a lieu de douter, pour le meilleur et surtout pour le pire. Quant à y voir une divergence majeure et irréversible de notre époque – un lieu commun qui se répand -, il y a là une erreur majeure de vision. En fait de divergence, nous assistons plutôt à la généralisation planétaire de la violence du capitalisme et à son triomphe comme pensée unique.
Voyons ce qu’il en est. Notre interprétation de la planète et notre sensibilité deviennent bipolaires. Plus nous constatons la réalité de la mondialisation prônée et développée par l’économie néo-libérale, plus nous nous soumettons à l’impérialisme commercial, juridique et militaire des États-Unis, ou cinématographique de Hollywood, et plus nous nous tournons a contrario vers nos enracinements locaux, la défense de nos identités culturelles, le souci de protéger nos valeurs et notre patrimoine régionaux. L’essor de la mondialisation est inversement proportionnel à la défense de nos différences, comme en témoigne la déclaration universelle de l’UNESCO sur le respect de la diversité. En fait, plus la force de la mondialisation s’impose, plus le désir de préserver nos spécificités locales prévaut.
L’économie nous soumet aujourd’hui à une logique planétaire. Les multi- ou transnationales luttent contre les prétentions des États à défendre des particularismes nationaux, qu’ils soient industriels, commerciaux, juridiques ou culturels. L’économie mondiale ne veut pas d’exception. Sous la houlette américaine, selon la loi du plus fort, elle exige que la planète devienne son marché domestique, où elle pourra partout exporter et exploiter sans empêchement. Elle protège l’enrichissement des riches en tolérant les paradis fiscaux qui permettent l’évasion fiscale au détriment des classes moyennes. Elle impose en Europe, en Chine, en Inde, en Afrique le consumérisme comme une valeur universelle et prétend vouloir ainsi le bonheur de tous. Elle saccage l’environnement et le développement durable au nom de l’enrichissement immédiat. L’Organisation mondiale du commerce, les réunions du G20, du G8, la domination de l’OTAN et la défiance vis-à-vis des Nations Unies qu’elle ne domine pas, le modèle économique et financier ultracapitaliste que prétend imposer le FMI à tous les pays, même si les pauvres n’ont pas les moyens de vivre sous la loi du dollar : voilà la réalité, incontestable, de la mondialisation. Certes, elle prétend aussi se justifier par des vertus, celle d’imposer la démocratie, d’exiger le respect des droits de l’homme, des vertus admirables qui lui servent le plus souvent d’écran de fumée pour cacher ses turpitudes réelles.
Mais pour autant, cette mondialisation-là n’a pas bâti sa légitimité. L’économie et la finance ne peuvent pas constituer une rationalité sociale, ni locale, ni internationale. Elle est seulement mécanique. On ne peut pas supprimer les spécificités sociales au nom du néolibéralisme et des traités internationaux de commerce. Elle ne parviendra jamais à imposer sa vision de l’humanité comme une masse atomisée de consommateurs manipulables à merci. Les solidarités organiques demeurent – heureusement –, qui résistent, qui ne sont pas solubles dans l’économie, parce qu’elles sont des enracinements d’une toute autre nature que cette récente invention. Ces solidarités organiques ont des racines profondes dans la puissance des mythes fondateurs de chaque peuple. Les imaginaires sociaux qui les nourrissent prévalent sur les mécaniques superficielles et temporaires, qu’elles soient utilitaristes, quantitatives, économiques, commerciales, impérialistes ou militaires. Ce sont des incontournables que les entrepreneurs ne peuvent pas seulement utiliser dans le marketing commercial et les campagnes publicitaires. Ce sont  des incontournables que même les lavages de cerveau des régimes dictatoriaux ne parviennent pas à atteindre et détruire, tant ils sont profondément inscrits dans les imaginaires sociaux. On peut vendre des congélateurs aux Inuits qui vivent dans les régions arctiques. Cela n’atteint pas la conscience de leur différence irréductible, comme on le voit dans leur art le plus actuel.

La mondialisation est un rêve de gens d’affaires nord-américains, qui peut tourner au cauchemar des peuples colonisés. Mais la multipolarisation en émergence sur la Terre n’en sera pas contaminée au point de réduire la diversité des mythes, des cultures et des valeurs que nous apprenons aujourd’hui, face au danger, à revaloriser. Bien au contraire sans doute. La mondialisation qu’on nous chante aujourd’hui est l’exemple même d’une fausse divergence.

jeudi 23 janvier 2014

Le numérique est plus puissant que le feu et plus humain


L'émergence du numérique est un moment extraordinaire de notre évolution humaine, qui exige une nouvelle lucidité philosophique. Le numérique requestionne profondément toutes nos idées reçues et réactive nos mythes. Ce n'est pas le moment de nous laisser porter par la pression technologique et commerciale. Il faut garder la maîtrise de nos valeurs.

dimanche 19 janvier 2014

La loi de la divergence




C’est la loi de la divergence  qui domine l’évolution,

à l’opposé  de la loi linéaire de l’adaptation darwinienne.
Cela est vrai dans la nature comme pour l'espèce humaine.