dimanche 20 novembre 2011
Conscience et spiritualité à l'âge du numérique
Nous vivons dans un monde de plus en plus technoscientifique et de moins en moins religieux. Cette affirmation demande évidemment aussitôt d'être nuancée, tant la croyance et la superstition demeurent importantes, non seulement dans les pays en développement, mais aussi dans le plus industrialisé de la planète, les États-Unis, où resurgit paradoxalement aujourd'hui un fondamentalisme nouvel-évangéliste agressif.
Lorsque je parle de conscience et de spiritualité, je dois aussi nuancer. Il y a incontestablement des spiritualités bonnes et d'autres mauvaises, éthiques ou perverties, humanistes ou antihumanistes, comme il en est des mythes et des idéologies.
La conscience et la spiritualité qui répondent aux exigences d'un humanisme augmenté, ce que j'appelle un hyperhumanisme, sont celles qui nous imposent le respect de l'autre et une exigence de solidarité humaine et de justice, notre engagement contre la violence, l'exploitation, le cynisme dont se glorifient encore tant d'êtres humains. Nous sommes de plus en plus nombreux à dénoncer ce 1% de fervents de néolibéralisme économique, de compétition et de spéculation capitaliste sans merci, d'enrichissement aveugle. Cette conscience hyperhumaniste, c'est celle dont font preuve aujourd'hui les altermondialistes et les indignés.
Nous sommes beaucoup d'athées qui croyons à une finalité humaine. Pas celle des religions qui nous promettent le paradis et la justice au ciel, à condition que nous acceptions de souffrir ici-bas dans notre vallée de misère. Mais une finalité qui soit celle d'une éthique planétaire que nous devons instaurer avec persévérance. Pas celle du salut individuel que nous enseignent les religions, mais celle de notre salut humain planétaire.
Le développement spectaculaire des communications numériques renforce notre conscience de solidarité planétaire. Nous ne pouvons plus dire que "nous ne savions pas". Paradoxalement, le numérique, qui repose sur le code binaire le plus élémentaire qui soit, pourra contribuer à augmenter notre conscience et nous inciter à adhérer à une morale plus altruiste, plus exigeante et interventionniste. Le numérique nous donne plus de puissance créatrice, mais aussi de destruction, donc plus de liberté, mais aussi plus de responsabilité.
Peut-on pour autant parler de spiritualité? Je le crois. Nous ne pouvons pas nous contenter de consommer plus, de créer plus d'électroménager, d'avions et de téléphones intelligents. Nous devons réapprendre aussi à respecter les exigences de la nature et du développement durable, de la diversité culturelle; nous devons agir en faveur des démunis, de la justice sociale, dénoncer les scandales dont nous entendons de plus en plus parler dans les mass médias. Ce ne sont pas seulement nos téléphones, mais aussi et surtout l'humanité qui doit devenir plus "intelligente", qui doit reconstruire ses finalités en d'autres termes que ceux des religions aliénatrices.
Notre engagement est en faveur de l'Homme ici, sur terre, pour travailler à son progrès. Cette augmentation de notre conscience conduit directement à ce que j'appellerai une spiritualité athée, hyperhumaniste.
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