"Socialités". Ce néologisme fait fureur aujourd'hui.Comme si les concepts de communauté et de sociabilité ne suffisaient plus. On veut sans doute suggérer des mutations de nos liens sociaux et des processus en cours de gestation. Une sorte d'hyperactivité sociale sous l'effet des technologies numériques. Bien sûr, c'est le succès des réseaux sociaux - que l'on appelle aussi désormais des "médias sociaux", comme s'il existait des médias qui ne soient pas sociaux - q'on invoque pour fonder cette nouvelle notion de socialité, qui aurait une sorte de pouvoir magique pour nous rapprocher positivement.
Car nous sentons bien la nuance: les socialités - toujours au pluriel pour souligner la multiplication et la diversité de ces nouveaux liens sociaux - construisent les solidarités de nos nouvelles sociétés. Elles ont un pouvoir quasi organique et secrètent de la colle, du liant, de la bonne santé sociale, de la conscience, de nouvelles dynamiques qui font du bien.
Bref, ces socialités euphorisent. Elles sont le contraire des fractures sociales. Voilà un beau programme pour une sociologie fine et optimiste. On ne peut pas être contre. On peut se demander cependant si le numérique est une boisson magique, un philtre social de bonification. Au premier accroc on peut prédire que ces socialités révéleront leur caractère superficiel et leur fragilité si nous n'y mettons pas du contenu, des valeurs et une volonté plus solide que les toiles d'araignée qui ne durent qu'un court moment. Sans même parler du coup de balai.
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