Le numérique puise dans les arcanes de l’imaginaire .Le virtuel bleuté nous ouvre un espace d’apparitions, d’images esthétiques et de symboles qui font de nous des rêveurs éveillés devant nos écrans. Le virtuel est un monde émotionnel, un monde intérieur ou onirique. Nous y pénétrons en perte du principe de réalité, ou en réalité augmentée par nos sentiments et nos désirs. Même les sites de transactions bancaires et autres utilités ont leur magie. Et les réseaux numériques où nous côtoyons les attitudes subjectives des autres usagers, démultiplient nos propres émotions. Comment s’étonner alors que Ray Kurzweil, comme plusieurs autres gourous, prenne ces excitations pour la réalité, les hypostasiant pour les prêter aux technologies elles-mêmes, qui deviennent alors anthropomorphiques, intelligentes, puis spirituelles, et bientôt sentimentales, selon les titres mêmes de ses livres à grand succès ? Comment être surpris que les Japonais aiment tant leurs petits chiens robots, Tamagochis, Furbies et autres peluches numériques ! Voilà d’ailleurs déjà longtemps que les médias de masse nous ont habitués à identifier des objets technologiques à des émotions. Il suffit de penser à la publicité qui évoque la puissance virile en accotant des voitures et des femmes. C’est de ces comportements bien connus, mais qui sont démultipliées par la magie des technologies numériques, des sites de rencontres, des multiples navigations de l’internet, que vivent beaucoup d’industries actuelles. Le numérique catalyse nos émois. On peut parler des stimuli numériques comme des émotions cinématographiques, mais décuplés par l’interactivité, qui crée une implication personnelle dans ces univers de désirs et d’actions. Nous nous y projetons nos imaginaires les plus intimes et les plus vulnérables. Le numérique fait vibrer la psyché et nous aspire dans une pensée magique euphorisante.
jeudi 30 janvier 2014
dimanche 26 janvier 2014
La divergence éhique
Pour prendre vraiment conscience de la puissance
radicale des divergences que nous créerons, nous devrions sans doute même
parler des mutations du futur, dont nous n’avons pas encore la moindre idée.
Pas encore pensables ? Mais possibles. Une immense divergence s’esquisse
déjà sous nos yeux depuis deux mille ans au moins, dont nous n’avons pas encore
saisi la nouveauté et encore moins l’importance. Je veux parler de la
divergence éthique. La nature darwinienne est étrangère à toute exigence
éthique. Elle est régie par la loi du plus fort, du mieux adapté. Pas de
compassion pour les faibles, pas de sentiment de justice, pas de retenue face à
la violence. C’est l’espèce humaine qui a inventé cette conscience éthique
contre nature. Nous devons à cet égard beaucoup au christianisme. C’est
assurément la religion qui a le plus contribué à la formulation de cette
éthique au nom de l’amour du prochain et de la charité. Mais aujourd’hui dans
une société athée, nous ne pratiquons plus cette éthique pour assurer notre
salut personnel. Nous sommes à la deuxième étape du développement de cette
conscience éthique : elle n’est plus seulement individuelle, elle est
devenue sociale, collective, planétaire même. Elle repose sur le respect des
droits humains élémentaires de tous également, quelles que soient les
diversités des cultures. Elle nous incite à militer contre toutes les violences,
les exploitations humaines, à secourir les victimes, à devenir pacifistes. Nous
n’en sommes encore qu’aux premiers pas, mais nous sommes de plus en plus
nombreux à en ressentir l’exigence. Ne dit-on pas que certains ont la bosse des
mathématiques, évoquant ainsi par métaphore une augmentation de leur volume
cérébral traitant de pensée mathématiques? Il nous reste à espérer que ce qui
vaut pour les mathématiques vaille aussi pour l’éthique. Une éthique planétaire : la
plus immense, la plus nécessaire, mais aussi la plus difficile de toutes les
divergences du futur pensables aujourd’hui.
La divergence n’est pas nécessairement un bien en soi.
Nous en avons connu de bonnes et des mauvaises. Et ces jugements sont toujours
relatifs. Ainsi, l’impressionnisme n’est pas un progrès par rapport au
classicisme, mais un changement. Le passage de l’âge du feu à l’âge du
numérique demeure ambivalent, en ce sens que le progrès qu’il nous fait espérer
dépendra en réalité de l’usage humain que nous ferons de sa puissance. Seule la
divergence éthique est un progrès incontestable, que personne ne peut
raisonnablement nier. Les modalités d’application de l’éthique peuvent varier
selon les diversités historiques et culturelles, mais le principe de l’éthique
planétaire est un absolu, le seul absolu auquel les hommes peuvent prétendre.
Le gouvernail et la quille de l’esquif « humanité ».
samedi 25 janvier 2014
La mondialisation: perfidie d'une fausse divergence
Tweet art - l'économie mondiale
La mondialisation est une réalité qui s'impose à nous. Il est évident que l’écologie traverse les frontières,
que nous développons une conscience planétaire et que nos économies locales,
nos systèmes bancaires sont de plus en plus soumis aux équilibres et
déséquilibres d’un écosystème mondial. Cela s’accentuera certainement de plus
en plus. Voulez-vous du Coca Cola ? Non merci. Je préfère le Pepsi-Cola.
Voulez-vous un blue gin fabriqué au Texas, au Bangladesh ou en Thaïlande ?
Préférez-vous voir le dernier film avec Batman ou celui de Disney ? Ce n’est
pas de cette mondialisation là qu’il y a lieu de douter, pour le meilleur et
surtout pour le pire. Quant à y voir une divergence majeure et irréversible de
notre époque – un lieu commun qui se répand -, il y a là une erreur majeure de
vision. En fait de divergence, nous assistons plutôt à la généralisation
planétaire de la violence du capitalisme et à son triomphe comme pensée unique.
Voyons ce qu’il en
est. Notre interprétation de la planète et notre sensibilité deviennent
bipolaires. Plus nous constatons la réalité de la mondialisation prônée et
développée par l’économie néo-libérale, plus nous nous soumettons à l’impérialisme
commercial, juridique et militaire des États-Unis, ou cinématographique de
Hollywood, et plus nous nous tournons a contrario vers nos enracinements
locaux, la défense de nos identités culturelles, le souci de protéger nos
valeurs et notre patrimoine régionaux. L’essor de la mondialisation est
inversement proportionnel à la défense de nos différences, comme en témoigne la
déclaration universelle de l’UNESCO sur le respect de la diversité. En fait, plus
la force de la mondialisation s’impose, plus le désir de préserver nos
spécificités locales prévaut.
L’économie nous soumet aujourd’hui à une logique
planétaire. Les multi- ou transnationales luttent contre les prétentions des
États à défendre des particularismes nationaux, qu’ils soient industriels,
commerciaux, juridiques ou culturels. L’économie mondiale ne veut pas d’exception.
Sous la houlette américaine, selon la loi du plus fort, elle exige que la planète
devienne son marché domestique, où elle pourra partout exporter et exploiter
sans empêchement. Elle protège l’enrichissement des riches en tolérant les
paradis fiscaux qui permettent l’évasion fiscale au détriment des classes
moyennes. Elle impose en Europe, en Chine, en Inde, en Afrique le consumérisme
comme une valeur universelle et prétend vouloir ainsi le bonheur de tous. Elle saccage
l’environnement et le développement durable au nom de l’enrichissement
immédiat. L’Organisation mondiale du commerce, les réunions du G20, du G8, la
domination de l’OTAN et la défiance vis-à-vis des Nations Unies qu’elle ne
domine pas, le modèle économique et financier ultracapitaliste que prétend
imposer le FMI à tous les pays, même si les pauvres n’ont pas les moyens de
vivre sous la loi du dollar : voilà la réalité, incontestable, de la
mondialisation. Certes, elle prétend aussi se justifier par des vertus, celle d’imposer
la démocratie, d’exiger le respect des droits de l’homme, des vertus admirables
qui lui servent le plus souvent d’écran de fumée pour cacher ses turpitudes
réelles.
Mais pour autant, cette mondialisation-là n’a pas bâti sa
légitimité. L’économie et la finance ne peuvent pas constituer une rationalité
sociale, ni locale, ni internationale. Elle est seulement mécanique. On ne peut
pas supprimer les spécificités sociales au nom du néolibéralisme et des traités
internationaux de commerce. Elle ne parviendra jamais à imposer sa vision de l’humanité
comme une masse atomisée de consommateurs manipulables à merci. Les solidarités
organiques demeurent – heureusement –, qui résistent, qui ne sont pas solubles
dans l’économie, parce qu’elles sont des enracinements d’une toute autre nature
que cette récente invention. Ces solidarités organiques ont des racines profondes
dans la puissance des mythes fondateurs de chaque peuple. Les imaginaires
sociaux qui les nourrissent prévalent sur les mécaniques superficielles et
temporaires, qu’elles soient utilitaristes, quantitatives, économiques,
commerciales, impérialistes ou militaires. Ce sont des incontournables que les
entrepreneurs ne peuvent pas seulement utiliser dans le marketing commercial et
les campagnes publicitaires. Ce sont des
incontournables que même les lavages de cerveau des régimes dictatoriaux ne
parviennent pas à atteindre et détruire, tant ils sont profondément inscrits
dans les imaginaires sociaux. On peut vendre des congélateurs aux Inuits qui
vivent dans les régions arctiques. Cela n’atteint pas la conscience de leur
différence irréductible, comme on le voit dans leur art le plus actuel.
La mondialisation est un rêve de gens d’affaires nord-américains,
qui peut tourner au cauchemar des peuples colonisés. Mais la multipolarisation
en émergence sur la Terre n’en sera pas contaminée au point de réduire la
diversité des mythes, des cultures et des valeurs que nous apprenons aujourd’hui,
face au danger, à revaloriser. Bien au contraire sans doute. La mondialisation
qu’on nous chante aujourd’hui est l’exemple même d’une fausse divergence.
jeudi 23 janvier 2014
Le numérique est plus puissant que le feu et plus humain
L'émergence du numérique est un moment extraordinaire de notre évolution humaine, qui exige une nouvelle lucidité philosophique. Le numérique requestionne profondément toutes nos idées reçues et réactive nos mythes. Ce n'est pas le moment de nous laisser porter par la pression technologique et commerciale. Il faut garder la maîtrise de nos valeurs.
dimanche 19 janvier 2014
La loi de la divergence
C’est la loi de la divergence qui domine l’évolution,
à l’opposé
de la loi linéaire de l’adaptation darwinienne.
Cela est vrai dans la nature comme pour l'espèce humaine.
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