Le numérique puise dans les arcanes de l’imaginaire .Le virtuel bleuté nous ouvre un espace d’apparitions, d’images esthétiques et de symboles qui font de nous des rêveurs éveillés devant nos écrans. Le virtuel est un monde émotionnel, un monde intérieur ou onirique. Nous y pénétrons en perte du principe de réalité, ou en réalité augmentée par nos sentiments et nos désirs. Même les sites de transactions bancaires et autres utilités ont leur magie. Et les réseaux numériques où nous côtoyons les attitudes subjectives des autres usagers, démultiplient nos propres émotions. Comment s’étonner alors que Ray Kurzweil, comme plusieurs autres gourous, prenne ces excitations pour la réalité, les hypostasiant pour les prêter aux technologies elles-mêmes, qui deviennent alors anthropomorphiques, intelligentes, puis spirituelles, et bientôt sentimentales, selon les titres mêmes de ses livres à grand succès ? Comment être surpris que les Japonais aiment tant leurs petits chiens robots, Tamagochis, Furbies et autres peluches numériques ! Voilà d’ailleurs déjà longtemps que les médias de masse nous ont habitués à identifier des objets technologiques à des émotions. Il suffit de penser à la publicité qui évoque la puissance virile en accotant des voitures et des femmes. C’est de ces comportements bien connus, mais qui sont démultipliées par la magie des technologies numériques, des sites de rencontres, des multiples navigations de l’internet, que vivent beaucoup d’industries actuelles. Le numérique catalyse nos émois. On peut parler des stimuli numériques comme des émotions cinématographiques, mais décuplés par l’interactivité, qui crée une implication personnelle dans ces univers de désirs et d’actions. Nous nous y projetons nos imaginaires les plus intimes et les plus vulnérables. Le numérique fait vibrer la psyché et nous aspire dans une pensée magique euphorisante.
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