Tweet art - l'économie mondiale
La mondialisation est une réalité qui s'impose à nous. Il est évident que l’écologie traverse les frontières,
que nous développons une conscience planétaire et que nos économies locales,
nos systèmes bancaires sont de plus en plus soumis aux équilibres et
déséquilibres d’un écosystème mondial. Cela s’accentuera certainement de plus
en plus. Voulez-vous du Coca Cola ? Non merci. Je préfère le Pepsi-Cola.
Voulez-vous un blue gin fabriqué au Texas, au Bangladesh ou en Thaïlande ?
Préférez-vous voir le dernier film avec Batman ou celui de Disney ? Ce n’est
pas de cette mondialisation là qu’il y a lieu de douter, pour le meilleur et
surtout pour le pire. Quant à y voir une divergence majeure et irréversible de
notre époque – un lieu commun qui se répand -, il y a là une erreur majeure de
vision. En fait de divergence, nous assistons plutôt à la généralisation
planétaire de la violence du capitalisme et à son triomphe comme pensée unique.
Voyons ce qu’il en
est. Notre interprétation de la planète et notre sensibilité deviennent
bipolaires. Plus nous constatons la réalité de la mondialisation prônée et
développée par l’économie néo-libérale, plus nous nous soumettons à l’impérialisme
commercial, juridique et militaire des États-Unis, ou cinématographique de
Hollywood, et plus nous nous tournons a contrario vers nos enracinements
locaux, la défense de nos identités culturelles, le souci de protéger nos
valeurs et notre patrimoine régionaux. L’essor de la mondialisation est
inversement proportionnel à la défense de nos différences, comme en témoigne la
déclaration universelle de l’UNESCO sur le respect de la diversité. En fait, plus
la force de la mondialisation s’impose, plus le désir de préserver nos
spécificités locales prévaut.
L’économie nous soumet aujourd’hui à une logique
planétaire. Les multi- ou transnationales luttent contre les prétentions des
États à défendre des particularismes nationaux, qu’ils soient industriels,
commerciaux, juridiques ou culturels. L’économie mondiale ne veut pas d’exception.
Sous la houlette américaine, selon la loi du plus fort, elle exige que la planète
devienne son marché domestique, où elle pourra partout exporter et exploiter
sans empêchement. Elle protège l’enrichissement des riches en tolérant les
paradis fiscaux qui permettent l’évasion fiscale au détriment des classes
moyennes. Elle impose en Europe, en Chine, en Inde, en Afrique le consumérisme
comme une valeur universelle et prétend vouloir ainsi le bonheur de tous. Elle saccage
l’environnement et le développement durable au nom de l’enrichissement
immédiat. L’Organisation mondiale du commerce, les réunions du G20, du G8, la
domination de l’OTAN et la défiance vis-à-vis des Nations Unies qu’elle ne
domine pas, le modèle économique et financier ultracapitaliste que prétend
imposer le FMI à tous les pays, même si les pauvres n’ont pas les moyens de
vivre sous la loi du dollar : voilà la réalité, incontestable, de la
mondialisation. Certes, elle prétend aussi se justifier par des vertus, celle d’imposer
la démocratie, d’exiger le respect des droits de l’homme, des vertus admirables
qui lui servent le plus souvent d’écran de fumée pour cacher ses turpitudes
réelles.
Mais pour autant, cette mondialisation-là n’a pas bâti sa
légitimité. L’économie et la finance ne peuvent pas constituer une rationalité
sociale, ni locale, ni internationale. Elle est seulement mécanique. On ne peut
pas supprimer les spécificités sociales au nom du néolibéralisme et des traités
internationaux de commerce. Elle ne parviendra jamais à imposer sa vision de l’humanité
comme une masse atomisée de consommateurs manipulables à merci. Les solidarités
organiques demeurent – heureusement –, qui résistent, qui ne sont pas solubles
dans l’économie, parce qu’elles sont des enracinements d’une toute autre nature
que cette récente invention. Ces solidarités organiques ont des racines profondes
dans la puissance des mythes fondateurs de chaque peuple. Les imaginaires
sociaux qui les nourrissent prévalent sur les mécaniques superficielles et
temporaires, qu’elles soient utilitaristes, quantitatives, économiques,
commerciales, impérialistes ou militaires. Ce sont des incontournables que les
entrepreneurs ne peuvent pas seulement utiliser dans le marketing commercial et
les campagnes publicitaires. Ce sont des
incontournables que même les lavages de cerveau des régimes dictatoriaux ne
parviennent pas à atteindre et détruire, tant ils sont profondément inscrits
dans les imaginaires sociaux. On peut vendre des congélateurs aux Inuits qui
vivent dans les régions arctiques. Cela n’atteint pas la conscience de leur
différence irréductible, comme on le voit dans leur art le plus actuel.
La mondialisation est un rêve de gens d’affaires nord-américains,
qui peut tourner au cauchemar des peuples colonisés. Mais la multipolarisation
en émergence sur la Terre n’en sera pas contaminée au point de réduire la
diversité des mythes, des cultures et des valeurs que nous apprenons aujourd’hui,
face au danger, à revaloriser. Bien au contraire sans doute. La mondialisation
qu’on nous chante aujourd’hui est l’exemple même d’une fausse divergence.
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