lundi 4 juillet 2011

Zeit - le temps


Le temps de la nature apparaît d'abord cyclique. Les cultures anciennes l'interprétaient ainsi. Et il apparaît rapide lorsqu'on observe la croissance des plantes ou des êtres vivants en général. Il peut se précipiter et remodeler en quelques instants un paysage en cas de tremblement de terre, de tsunami, d'éruption volcanique. Il est lent quant à la dérive des continents, la fonte des glaciers ou l'érosion des montagnes. Il est donc divers. Le temps lent de l'évolution de notre espèce n'est pas perceptible à l'échelle des générations. Mais nous savons qu'il a été rapide en comparaison de l'évolution des autres espèces. Il a été accéléré par des modalités d'adaptation et de sélection naturelle, mais surtout par des divergences et des mutations physiologiques.
Face à l'exigence d'éthique planétaire, la volonté est nécessairement urgente, à l'échelle des scandales qui se succèdent et de la réaction immédiate qu'attendent légitimement ceux qui sont victimes de la violence.
Pour autant, face aux sceptiques qui ne croient pas au progrès moral de l'humanité et nous considèrent comme des ingénus, la réponse qui s'impose est celle de la lenteur du temps social qui est nécessaire pour ce progrès. A cette échelle, force est d'admettre le progrès global de la condition féminine dans une majorité de pays, la diminution de l'esclavage, voire sa disparition - même si l'esclavage a pris aujourd'hui d'autres formes d'exploitation qui demeurent encore aussi nombreuses que scandaleuses. Les cas de cannibalisme et de sacrifice humain sont devenus rares, même si d'autres abus se perpétuent. Au-delà des cas d'évidence du progrès qu'on se plait à citer, les famines continuent, les guerres aussi, les génocides aussi.
On trouvera toujours de brillants dialecticiens capables de démontrer que le progrès moral collectif est un leurre, au au contraire une évidence.
La réponse est du côté du temps lent, mais globalement encourageant de l'évolution humaine, qui nous permet d'espérer que d'ici quelques siècles, nous aurons encore nettement progressé.
Peut-on accélérer cette lenteur? A priori, je ne le crois pas. Encore que je le veuille. Il ne faut pas oublier que le progrès est avant tout une volonté en acte. Pas une observation avec un chronomètre. C'est ce que les sceptiques oublient. Ils oublient aussi de mettre l'épaule à la roue, ce qui les convaincrait aussitôt. Il faut la foi et la persévérance de Sisyphe.
Le temps de Sisyphe est lent, mais répétitif et inébranlable.

Signalisation imaginaire dans un champ de Winnekendonk, Allemagne, en 1982.

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