mercredi 22 juin 2011
Peut-on concilier l'éthique et le panthéisme
Comment penser l'éthique dans une philosophie panthéiste? Voilà une question qui a beaucoup préoccupé Spinoza.
En fait, il n'y a pas d'éthique dans la nature, pas de sentiment du bien et du mal que nous puissions déceler. C'est plutôt la loi de la jungle qui y domine, la loi du plus fort.
Je vois donc l'éthique comme un invention de l'espèce animale qui constitue une divergence majeure par rapport à l'état de nature. L'éthique concerne l'état de société. Doit-on la limiter à la société humaine? Difficile d'affirmer qu'il n'y a pas d'éthique dans une fourmilière ou une ruche. Difficile à prouver. Peut-être y reconnait-on un mode d'organisation exigeant qui sacrifie l'individu au groupe, comme dans les sociétés humaines collectivistes.
Mais ce qui caractérise le degré plus élevé de l'éthique humaine, c'est le respect de l'individu, de l'autre, même et surtout lorsqu'il est étranger ou démuni.
L'éthique planétaire, que nous sommes désormais nombreux à revendiquer, est à la fois individualiste et mondiale. Elle exige le respect de chacun au nom de tous et réciproquement. C'est cela l'éthique de l'hyperhumanisme.
Et jusqu'à preuve du contraire, cette éthique est une divergence forte par rapport à la violence de la nature. Une valeur ajoutée, que nous commençons à peine à reconnaître.
Le panthéisme concerne donc la nature, la matière; et l'éthique l'humanité. Ces deux interprétations se situent en opposition, en tension l'une par rapport à l'autre, comme deux pôles de notre conscience et de notre rapport à l'univers, comme les deux faces de Janus.
Certes, l'espèce humaine fait partie de la nature. On pourrait alors, pour se penser cohérents, rappeler que la nature a une puissance auto-organisationnelle et évolutive évidente. Et que l'éthique planétaire en est donc un stade avancé d'évolution. On pourrait même affirmer que l'éthique planétaire est une condition fondamentale de survie pour l'espèce humaine et qu'elle relève donc seulement de notre instinct de conservation, sans mettre en jeu un stade supérieur de notre philosophie matérialiste. Sans doute. Il y a là matière (sic) à réflexion. L'éthique serait alors seulement un écart audacieux de divergence au sein de l'évolution naturelle. Cela me semble difficile à nier. Et l'opposition que nous affirmons entre nature et éthique serait alors seulement le stade actuel de notre conscience, parce que nous le ressentons ainsi, en terme d'opposition, alors qu'à une échelle plus large de l'évolution, éthique et nature seraient tout à fait compatibles.
On comprend que Spinoza y ait beaucoup réfléchi et tenté déjà d'y voir plus clair. Et moi-même, je dois admettre que j'évolue sur cette question. Tout en rejetant la naïveté rousseauiste d'une nature originellement bonne que la civilisation pervertit, je serais peut-être prêt à dire que dans le cas de la société humaine, l'éthique ne se situe pas à l'origine de l'évolution de la nature (le bon sauvage), mais au contraire dans un stade plus avancé.
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